Située à l’extrémité ouest de la France, la Bretagne est une péninsule bordée par la mer. Cet emplacement tout au bout de la terre a fait de cette région un lieu de passage incontournable. L’ancienne Armorique est une référence en matière de richesse culturelle et de diversité linguistique. Le patrimoine gastronomique, les paysages de rêve, le Massif armoricain, le littoral et les Îles confirment cette diversité qui fait la renommée de la Bretagne. Dès la préhistoire, les récits sur les origines des Bretons fusent.

La Bretagne à travers les grandes périodes de l’histoire

Les recherches archéologiques sur la Bretagne ont permis de trouver de premiers signes d’occupation dès la préhistoire. Une période importante qui confirme le mégalithisme propre à cette région. Le passage de divers peuples tels que les Gaulois ou les Namnètes ont aussi été cités.

La Préhistoire

L’histoire de la Bretagne remonte au loin, entre 700 000 et 10 000 ans av. J. — C durant la période paléolithique. La présence d’une civilisation industrielle est prouvée par les galets aménagés de la moyenne vallée de la Vilaine. Tandis que les traces des premiers campements furent retrouvées dans les abris naturels de Saint-Colomban à Carnac. Des vestiges tels que les pointes bifaces confirment également une présence sur les lieux pendant l’époque acheuléenne. Pour ce qui est de l’usage du feu, les traces les plus fiables sont situées sur le site de Menez Dregan à Plouhinec. Parmi les premiers peuples de Bretagne se trouvaient des nomades chasseurs.

Lors de la période mésolithique, la présence humaine en Bretagne se concentrait sur le littoral sud, avec des traces de techniques de domestication. Des études de la sépulture de Téviec témoignent une structuration en société et des activités communautaires. Ce n’est que durant le Néolithique qu’apparaissent la culture sur brûlis, les méthodes d’extraction de pierres et leur façonnage pour former des haches. C’est également à cette période que surgit le mégalithisme dont les constructions témoin sont le Tumulus de Barnenez et du Petit-Mont à Arzon. Il en est de même pour les menhirs dont les plus grands sont tombés. Ainsi, le grand menhir brisé d’Er Grah fait en tout 18,5 m, tandis que celui de Kerloas s’élève à 9,50 m.

Au IIIe millénaire av. J. — C, les habitants de l’Armorique profitent des routes maritimes et fluviales pour faire la connaissance des populations d’Europe centrale. Les échanges ont permis de collecter des objets en cuivre ou en bronze. Puisque le sous-sol breton contient aussi de l’étain, le métal est désormais extrait pour être exporté. Les effets de ces échanges culturels ont encouragé les habitants à créer des épées et des poignards. Mais également des tombes-tumulus à structure en bois qui jonchèrent la Côte-Nord du Finistère. S’en suivent diverses époques reliées au bronze, dont le bronze moyen où le métal sert à créer des armes, des outillages et des parures. Puis vient la période du bronze final rattachée à la civilisation des champs d’urnes dans toute l’Europe. De son côté, l’Armorique se démarque par l’essor des cavaliers aux épées « langue de carpe ».

La protohistoire celtique

La civilisation de la Tène migre en Bretagne au Ve siècle av. J. — C. Le langage et les coutumes celtes sont imposés aux habitants des lieux tandis que ces derniers améliorent leurs méthodes d’agriculture.

Parmi ceux qui peuplent la péninsule à cette époque se trouvent les Coriosolides de l’Est, de l’Ouest et du Nord-Est. Au nord de la Loire demeurèrent les Namnètes. À l’ouest des Côtes-d’Armor et du Morbihan se situèrent les Osismes, tandis que les Riedones occupèrent l’est du département Ille-et-Vilaine. La Vénétie et le Gwynedd furent les territoires des Vénètes. Une confédération armoricaine fut formée par cette population gauloise.

L’Armorique romaine

En 57 av. J. — C, Jules César et son armée se lancent dans une guerre des Gaules pour faire la conquête d’un territoire situé entre la Gaule transalpine et la Gaule Belgique. La septième légion menée par Publius Crassus fut constituée de 6 000 hommes. La troupe avança sans peine en faisant des otages dont furent parties les Vénètes. Pour protéger le marché maritime, certains peuples de la région ont tenu tête aux Romains avec une flotte de 220 navires. Par manque de vent, les vénètes ont dû s’avouer vaincus. Sur la terre ferme, les Corsiolites de la région d’Avranches essuyèrent une défaite. Le scénario se répète en Amanlis, la région des Osismes, des Namnètes, des Vénètes et des Riedones. Malgré ces défaites, les rébellions se suivent, notamment une coalition armoricaine qui fait face à la XIIIe légion romaine.

Au IIe siècle durant la période de la Pax Romana, l’Armorique connait son apogée. Malgré une occupation romaine omniprésente, des succès politiques et économiques sont constatés. Tandis qu’une religion gallo-romaine fait suite au syncrétisme des cultes locaux avec les dieux romains et asiatiques. Pour ce qui est de l’urbanisation, le plan adopté prend la forme d’un quadrillage orthogonal au niveau des temples, des bains publics, des tribunaux et des murs. Ce sont les élites locales qui se chargent de gérer la finance et l’administration dans les villes comme Rennes, Carhaix, Nantes ou Quimper. L’Assemblée des Trois Gaules est mise en place en comprenant deux Armoricains.

L’occupation romaine dure 500 ans. Au V et au VIe siècle, Rome délaisse la Bretagne insulaire. Ce qui permet aux Bretons de constituer des royaumes indépendants. En Armorique, ce sont les tribus bretonnes issues de la Bretagne insulaire qui viennent en renfort. Facilitant ainsi l’instauration d’une région autonome. Dans leurs récits, les auteurs tels que Venance Fortunat, Procope de Césaré ou Marius d’Avenches confirment que l’Armorique est rebaptisée Brittania. Un changement issu des récentes occupations Britto-romaines.

Le Moyen Âge

Au haut Moyen Âge, la Bretagne fut divisée en deux parties, avant d’être rétablie en trois royaumes : Broërec, Cornouaille et Domnonée. De 845 à 851, le roi Nominoë aussi appelé père de la Patrie décide d’unifier la Bretagne pour la rendre indépendante. Au IXe siècle, le royaume de Bretagne met en place le traité d’Angers qui délimite le territoire. Sous le règne du roi Salomon, des conquêtes sont menées pour agrandir le territoire avec les îles Anglo-Normandes, le Maine, le Cotentin, l’Anjou et l’Avranchin. Salomon fut assassiné en 874 par Gruwant et Pascweten qui se fient sur les mercenaires vikings pour diriger le royaume. Cette crise engendre une perte des territoires récemment conquis, comme le comté du Maine, l’Anjou qui comprend le comté de Nantes durant le règne de Foulque Ier. En 937, le duc Alain II de Bretagne parvint à évincer les Vikings et reconstituer le royaume. La bataille de Trans se termina en 939 et permit une réunification de la Bretagne en respectant les limites du traité d’Angers.

S’en suivit le règne des ducs qui privilégient les alliances en se mariant avec les princesses des royautés françaises et anglaises. La Bretagne devint un arrière-fief pour les deux royaumes. Instaurant ainsi des liens féodaux stratégiques. Durant le règne de la dynastie des Monfort aux XIVe et XVe siècles, le duché mena une politique d’indépendance et d’émancipation. Pour contester le pouvoir royal, les grands féodaux se sont lancés dans une guerre folle soldée par une défaite du duc François II en 1488 lors de la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. Le 19 août de la même année, le roi de France Charles VIII et le duc de Bretagne François II signèrent le traité du Sablé qui stipula que les mariages des filles héritières du duc ne se feront qu’après aval du souverain français. Lorsque Anne de Bretagne se marie pour la première fois avec Maximilien d’Autriche, le traité est rompu et la guerre dura 3 ans. Mais cette union stratégique en vue de renforcer les luttes contre la France ne fut pas consommée. En 1491, la princesse épouse Charles VIII pour que ce dernier puisse regagner en autorité sur l’Armorique. Ainsi, le souverain français dispose de tous les droits sur le duché. Il décide de maintenir certains privilèges envers les Bretons, tout en faisant en sorte d’améliorer les liens avec le royaume. Charles VIII décède en 1498, ce qui permet à la duchesse de récupérer ses droits sur la Bretagne. Elle se remarie avec Louis XII en 1499, mais veille à ce que la Bretagne conserve son indépendance.

Les droits sur le duché reviennent au royaume de France en 1514 après l’union de la fille héritière d’Anne de Bretagne, Claude de France, avec François Ier, futur souverain. Son règne fut marqué par un respect de l’institution bretonne et une relation pacifique avec les nobles. Une stratégie qui lui a permis de reprendre les règnes du duché avec plus d’adresse.

Une Bretagne française

L’union du roi de France avec Anne de Bretagne marque le dénouement de plus de 100 ans de guerre. Signant entre autres la fin du règne de la dynastie des Montfort dont la duchesse est la dernière descendante directe.

Des états de Bretagne se réunissent à Vannes en 1532 pour sceller l’union entre le Duché de Bretagne et le Royaume de France. Quand François Ier accède au trône, il rédige un édit royal mentionnant des législations et des impôts spécifiques à l’égard de la province. Des conditions privilégiées maintenues jusqu’à la Révolution française. Du XVe au XVIIIe siècle, la Bretagne connait son plus grand succès. La péninsule se trouve au centre des routes commerciales maritimes les plus utilisées. Elles relient la Hollande, l’Espagne et l’Angleterre. Cette période est aussi marquée par la colonisation française aux Indes et en Amérique. Le marché des toiles de lin noyales et de chanvre est un succès et contribue à financer la construction des monuments qui constituent le patrimoine architectural de Bretagne. Pendant l’époque moderne, la Bretagne est composée de comtés dont Cornouaille, Broërec, Penthièvre ou Tréguier. Il y aura également les baillies qui deviendront les présidiaux constitués de sénéchaussées.

Après la Révolution française, la Bretagne n’est plus considérée comme entité administrative et doit se conformer à la départementalisation. Le projet initial est appliqué en 1789 pour créer des divisions de dix-huit lieues de côté, avant d’y instaurer neuf districts où seront installés neuf cantons. Ces aménagements territoriaux visent à faciliter le contrôle de la population et confirmer la présence d’un pouvoir central. Un second projet fait état de cinq départements, tandis qu’un troisième mise sur six départements. La départementalisation effective se fait en février 1790 avec cinq départements. Ce sont le Morbihan, la Loire-Atlantique, l’Ille-et-Vilaine, le Finistère et les Côtes-d’Armor.

Quelques dates à retenir sur l’histoire de la Bretagne

Restée indépendante pendant plus de mille ans, la Bretagne a dû céder à une occupation française. Dès 1461, Louis XI projette de conquérir la Bourgogne et la Bretagne. À la tête de la Bretagne se trouve François II, un vassal rebelle nécessitant quelques ajustements de la part de la France. Pourtant, le duché améliore ses remparts en s’alliant avec la Bourgogne. Il en fait de même avec le Danemark, le Portugal, la Savoie et l’Écosse. L’indépendance bretonne est préservée par une politique instaurée en collaboration avec Pierre Landais, trésorier et conseiller. Le 5 janvier 1477, Charles le Téméraire, duc de Bourgogne meurt, ce qui fait perdre à Bretagne un allié précieux. Pour y remédier, François II se tourne vers l’Angleterre pour un traité d’alliance et d’amitié. Il en profite pour projeter le mariage de sa fille héritière Anne avec le prince de Galles, fils d’Édouard IV.

Louis XI décède le 30 août 1483. Puisque son fils Charles VIII n’était pas encore en âge de régner, c’est sa fille ainée Anne de Beaujeu qui s’en charge avec ses 22 printemps. Elle se fie à la politique de son défunt père en comptant sur la collaboration des Rohan et des Laval, des nobles bretons. Ces derniers parviennent à faire tomber Pierre Landais, conseiller anti-français de François II. Il est reconnu coupable de détournements de fonds et est pendu. Malgré la situation, le duc ne cède pas. Ce n’est qu’en 1487 que la Bretagne est envahie par les troupes françaises. Comparée à la Bretagne, la France alors peuplée par 13 millions d’habitants a l’avantage en nombres et en artillerie. Certes, la Bretagne a résisté, mais n’y est pas parvenue face à une armée de 15 000 hommes menée par le lieutenant général Louis de La Trémoille.

Le 28 juillet 1487, François II essuie une défaite à Saint-Aubin-du-Cormier et capitule. Par le biais d’un traité du Verger, il devient un vassal et est contraint d’obéir à Charles VIII. C’est ce même traité qui contient le texte d’interdiction de mariage des filles du duc sans consentement du royaume suzerain.

Le 9 septembre 1488, François II décède à l’âge de 53 ans sans avoir de prince héritier. Le règne revient donc à Anne, l’héritière des comtes de Montfort. Cependant, la duchesse est encore trop jeune pour tenir tête à Charles III. Elle ne parvient pas à faire face à la pression française et décide de se marier par procuration avec Maximilien d’Autriche pour en faire un allié.

En 1491, l’armée de Charles III assiège Rennes. La duchesse ne peut plus compter sur l’Autriche et cède à la France. Le duché est la dot du mariage dont la célébration tient lieu le 6 décembre dans la chapelle du château de Langeais. Elle devient reine de France au 8 février 1492. Appelé traité de Langeais, le contrat de mariage du couple prévoit le sort des enfants. Dont le premier serait dauphin de France et le second duc de Bretagne. La reine mettra au monde 3 garçons, mais ils ne survivront pas. À 28 ans, Charles VIII se cogne la tête sur le linteau de pierre d’une porte. La blessure est mortelle.

En 1499, Anne épouse le successeur de Charles VIII, Louis XII. Le contrat du mariage comprend que si jamais la reine venait à mourir sans enfant, la Bretagne sera rendue aux descendants des Montfort après la mort du roi de France. En attendant, Louis XII garde le contrôle sur la monnaie, la justice et la politique extérieure du duché. De son côté, la reine se charge de l’administration locale pour que les nobles bretons puissent retrouver leurs honneurs et leurs avantages pécuniaires. La reine ne parvient pas à avoir un héritier, mais deux filles qui sont Claude (1499) et Renée (1510). Soucieuse d’améliorer la protection de la Bretagne, Anne souhaite marier Claude à Charles de Grand. Mais Louis XII ne cède pas. Au contraire, il décide de procéder aux fiançailles de sa fille de 7 ans à un cousin âgé de 12 ans, François d’Angoulême.

En 1514, Anne met au monde un autre enfant mort-né et décède à 37 ans. Son corps est enseveli dans la nécropole des rois de France, mais son cœur est placé dans un reliquaire qui sera posé près du tombeau de son père, situé à Nantes. Le mariage de Claude de France avec François d’Angoulême est célébré en mai, tandis que le roi se remarie avec Marie Tudor en l’espérance d’un héritier. Cependant, Louis XII décède le 1er janvier 1515.

François d’Angoulême, rebaptisé François 1er devient le nouveau souverain. Il exploite la jeunesse et le manque d’expérience de Claude pour qu’elle lui accorde ses droits sur le duché. Il fait preuve d’une politique avisée qui implique les barons bretons à ses conquêtes en Italie. Il parvient sans peine à franciser la Bretagne en confiant l’administration locale à des Français. La reine Claude mettra au monde sept enfants, dont trois garçons. Lorsqu’elle est mourante en 1524, elle écrit par testament que son fils ainé, le dauphin François, sera celui qui héritera du duché.

En 1532, le roi de France est représenté par un gouverneur. C’est ce dernier qui en assure l’administration. Malgré quelques avis négatifs des délégués des États de Bretagne assemblés à Vannes, le duché de Bretagne sera désormais relié au royaume de France avec une union perpétuelle. Le 13 août 1532, le roi François Ier le met par écrit dans « l’édit d’union de Nantes ». À 14 ans, le dauphin de France devient duc de Bretagne et est renommé François III en la cathédrale de Rennes. Parce qu’il est encore trop jeune, le duc est manipulé par son père qui décide de conserver les privilèges accordés aux Bretons tels que l’autonomie administrative. Mais l’indépendance est perdue à jamais. François Ier décède en 1547 et son fils Henri II le succède. Ce dernier néglige la péninsule dont il a hérité, et ne prend pas la peine d’ajouter le statut de duc de Bretagne à ses titres.

En 1554, Le Parlement de Bretagne voit le jour à Rennes. Les grandes affaires juridiques de la province sont gérées par les magistrats. Il en est de même pour les impôts.

La résistance bretonne

Les Bretons sont fiers de leur histoire et ont un caractère bien trempé. Un esprit de résistance revient dans les récits sur la province. À commencer par la révolte de Bonnets rouges contre la surenchère fiscale. En 1674, Louis XIV misait sur les impôts pour renflouer les caisses du royaume. Les impôts ont été augmentés, notamment au niveau du papier timbré qui imposait l’utilisation d’un papier « fleurdelysé » pour la rédaction des actes officiels. S’en suivirent les taxes sur le tabac et l’étain. Les révoltes bretonnes s’élèvent en mars 1675 où les manifestants se mobilisent à Pau, Bordeaux, Grenoble et Besançon. Les mouvements dans la province sont importants à cause d’un régime d’exception fiscale non maintenu. Sans oublier le fait qu’il n’y a pas de détachement militaire en Bretagne. Les Bretons s’attaquent aux bureaux du papier timbré et à ceux du tabac et de l’étain. Le mouvement du « papier timbré » mené par les habitants des villes arrive en campagne et devient la « révolte des Bonnets rouges », cette coiffe associée à l’image des paysans. Dans la région de la Cornouaille, dans la Basse-Bretagne, mais aussi dans les pays de Carhaix et Pontivy, les seigneurs ont dû augmenter les charges. Ce qui leur a valu une révolte paysanne visant les châteaux.

Pour éviter que les Hollandais s’attaquent à Brest durant l’insurrection des Bonnets rouges, le Roi-Soleil réagit. Il décide donc de déployer une troupe de 6 000 hommes sur Rennes avec un ordre de prêts à tirer ou « balles en bouche ». La répression de 1675 a valu le transfert à Vannes du parlement de Bretagne. Tandis que les fauteurs de trouble ont été pendus ou molestés. D’autres symboles comme les clochers du pays bigouden furent détruits.