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Reconnaissable à ses mouchetures d’hermine et à ses bandes horizontales noires et blanches, le drapeau Breton officiel est le Gwenn ha Du. Région administrative située à l’ouest de la France, la Bretagne se démarque par sa richesse culturelle, son histoire et son emplacement stratégique. Parmi les plus importants emblèmes du pays se trouve ce drapeau bicolore.
Les origines du Gwenn ha Du
L’histoire du drapeau breton remonte au XIIe siècle. Pour identifier l’origine des armées participant aux croisées, la papauté a attribué une couleur différente pour chaque nationalité. Pour la nation bretonne, ce fut une croix noire sur fond blanc. Cet étendard fut utilisé par la marine et les armées bretonnes jusqu’en 1316, année où le duc Jean III décida d’adopter un étendard d’hermine plain. Entre 1923 et 1925, une version plus modernisée du drapeau breton fut proposée par Morvan Marchal, étudiant en architecture et militant nationaliste breton. C’est le Gwenn ha Du dont l’image lui provient du blason de Rennes et des étoiles du drapeau américain. Ce n’est qu’en 1927 que ce drapeau noir et blanc sera reconnu comme bannière officielle de la Bretagne.
Quel message véhicule le drapeau breton ?
Le drapeau Breton comprend neuf bandes horizontales de mêmes largeurs symbolisant les neuf provinces historiques de la péninsule. Les cinq bandes noires sont reliées à la Haute-Bretagne, aussi connue comme la Bretagne Gallaise (Bertègn). Sont donc représentés le pays rennais (Bro-Roazhon), le pays nantais (Bro-Naoned), le pays dolois (Bro-Zol), le pays malouin (Bro-Sant-Maloù) et le pays de Saint-Brieuc (Bro-Sant-Brieg). Les quatre bandes blanches sont associées à la Basse-Bretagne également considérée comme étant la Bretagne Bretonnante ou Breizh. Elle rassemble les comtés de Léon (Bro-Leon), de Cornouaille (Bro-Guernve), de Trégor (Bro Dreger) et le pays vannetais (Bro-Wened).
Le drapeau de la Bretagne comprend aussi un canton supérieur de couleur blanche dans le coin supérieur gauche. C’est dans cette partie que sont placées les onze mouchetures d’hermine. De haut en bas, les mouchetures sont disposées par ordre de 4-3-4. Le choix du petit animal brun-roux comme symbole s’explique par son esprit de bravoure. En hiver, le pelage de l’hermine vire au blanc. La légende raconte que lors d’une partie de chasse, la Duchesse Anne de Bretagne en aperçut une qui fut poursuivie par les chiens chasseurs. Mais face à une marée boueuse, l’animal a préféré affronter la mort au lieu d’avoir à se salir. Sa bravoure fut récompensée par la reine qui décida d’épargner l’animal. La reine en fait un emblème et la devise de la Bretagne « Plutôt la mort que la souillure » est liée à cette histoire.
D’autres récits associent les queues d’hermines au symbole du clergé. Parce qu’avant de tenir le rôle de duc de la Bretagne en 1213, le chevalier Pierre de Dreux était un prêtre. Il est donc tout à fait logique qu’il ait pu conserver ce symbole pour le drapeau. Le doute persiste sur la signification réelle des onze hermines, car si certains misent sur les armoires de la région, d’autres les lient aux ducs. Puisque les Bretons sont essentiellement catholiques, les hermines peuvent également évoquer les saints. Ainsi, les 7 premiers représentent le Tro Breizh et les 4 autres renvoient aux saints secondaires. Quant au choix des couleurs noir et blanc, ils sont le symbole du gallo et du breton, les deux langues indigènes parlées dans la région.
Les hermines du drapeau breton sont aussi un rappel des armes héraldiques de la région. Il s’agit « d’hermine plain » dont le nombre peut varier en fonction des époques où furent édités les drapeaux. Si la version officielle comprend onze mouchetures, il existe des drapeaux à 8, 9 ou 14 mouchetures. Il y a également les modèles à mouchetures innombrables dont certaines sont coupées en bordure pour exprimer ce nombre infini.
Existe-t-il un statut officiel pour le drapeau breton ?
Dans sa représentation actuelle, le drapeau de la Bretagne se retrouve dans les bâtiments administratifs. Cependant, il n’existe pas de cadre légal régissant son utilisation, que ce soit en France ou en Bretagne. Qui plus est, aucune loi n’en condamne l’usage par les personnes physiques, morales ou de droit public ou privé. Les seules interdictions sont mentionnées dans le Code de la route où les numéros définitifs des plaques d’immatriculation doivent représenter le drapeau européen. Le fait de le remplacer par un autocollant du drapeau breton est un délit.
Le drapeau de la Bretagne à travers l’histoire
Les clichés pris au fil des années constituent des preuves irréfutables des évènements qui ont marqué l’histoire. Ainsi, la toute première photo qui comprend le drapeau breton fut aperçue à l’exposition des Arts décoratifs de Paris de 1925. Durant cette même année, le Gwenn ha Du devient le symbole des cercles celtiques dont le principal représentant est Marcel Cachin, fondateur de l’Association des Bretons émancipés. Le 11 septembre 1927, le congrès constitutif du Parti autonomiste breton (PAB) se tient à Rosporden. Pendant cet évènement, le drapeau noir et blanc est considéré comme drapeau national breton.
En 1937, l’exposition universelle de Paris dont le thème est « arts et techniques dans la vie moderne » consacre un pavillon à la Bretagne. À cette occasion, le secrétaire du pavillon, René-Yves Creston prend l’initiative de hisser le Gwenn ha Du au lieu de la bannière herminée. De cette manière, la nouvelle image de la région est présentée au grand public.
Le 30 juillet 1930, le « Festival Interceltique » a lieu à Vannes sous la direction du maire Maurice Marchais, du sénateur du Morbihan Alphose Rio, en présence du Mgr Hippolyte Tréhiou, évêque de Vannes. Cependant, le créateur du drapeau, Morvan Marchal était associé à la gauche anticléricale et à la franc-maçonnerie. Ce qui lui a valu une image contestée par certains religieux. Dont Mgr Duparc, évêque de Quimper qui s’oppose à l’utilisation du drapeau en 1937 parce qu’il différait des œuvres catholiques.
De 1939 à 1945, période de la Seconde Guerre mondiale, le Gwenn ha Du avait une connotation séparatiste. Des arrêtés gouvernementaux interdirent son usage durant les manifestations. Cependant, le Parti national breton continua de s’en servir comme emblème lors de l’occupation allemande. Désormais associé au PNB, le drapeau breton n’est plus très utiliser pendant l’après-guerre.
De 1960 à 1990, le Gwenn ha Du réapparait dans les événements culturels bretons. Notamment les grèves ouvrières, les défilés et les mouvements d’étudiants. En mai 1965, l’équipe de football de Rennes gagne face au Sedan en vue d’une coupe de France. Le drapeau n’a jamais été aussi utilisé pour représenter la Bretagne. À partir de là, le Gwenn ha Du se retrouve un peu partout. Comme sur la Sorbonne à Paris durant les manifestations de mai 1968. Les ouvriers du Joint Français, usine de Saint-Brieuc en font également un symbole de revendication en 1972. Pour évoquer l’extrême gauche, certains Gwenn ha Du comprenaient un rectangle rouge. C’est cette version du drapeau qui fut placé sur la flèche de la cathédrale Notre-Dame par un militant du Front de Libération de la Bretagne le 3 octobre 1972.
Dans les années 2000, le drapeau breton devient une représentation officielle de la région. Il symbolise l’unité et la diversité. L’on retrouve le Gwenn ha Du dans les mairies et les espaces publics. Les événements bretons tels que les défilés prévoient toujours quelqu’un qui tient le drapeau à bout de bras.
Les consignes protocolaires du Gwenn ha Du
Puisqu’il n’existe pas de statut officiel sur le drapeau breton, les protocoles ne sont pas formels. Pourtant, des règles d’usage inspirées de ceux employés universellement existent et ont été écrites par Divi Kervella et Mikael Boldore-Penlaez. Ainsi, le Gwenn ha suit un ordre de préséance sur les autres drapeaux. Le drapeau officiel de la Bretagne est devant celui du Vannetais. Dans une même manifestation, si plusieurs drapeaux de même rang doivent être portés, il faut appliquer l’ordre alphabétique breton. Il faut donc hisser les drapeaux avec des marques d’honneurs identiques. Tous les drapeaux seront de même taille et de même hauteur.
Pour ce qui est de l’usage effectif du drapeau breton, il faut rappeler que s’il est placé à l’extérieur, il doit être hissé lorsque le jour se lève et abaissé en fin de journée. Cette réglementation contribue à sa conservation. Par temps venteux, les grands drapeaux seront remplacés par des modèles plus petits. En ce qui concerne la disposition du Gwenn ha Du, la tête du drapeau est toujours placée en haut, le contraire serait considéré comme irrespectueux. Quant à la place d’honneur, elle dépendra du nombre de drapeaux à hisser. En sachant que s’il s’agit de trois drapeaux placés en file indienne, celui situé au bout de la file est mis à l’honneur. Ainsi, le drapeau doit se trouver à gauche de l’observateur.
De nos jours, le drapeau breton est souvent détourné. Pour les touristes, le Gwenn ha Du est disponible sous forme de cartes postales ou d’autocollants apposés sur les articles représentant la région. Des vêtements, des accessoires de mode ou encore des aliments portent des variantes du Gwenn ha Du. Il n’est pas rare de retrouver des restaurants, des boutiques ou des commerces sous cette identification. Un petit drapeau noir et blanc a également fait son apparition sur Twitter en février 2020. Mais l’apparition d’un emoji Gwenn ha Du n’a pas été validée par le consortium Unicode.